Ma grand-mère a intégré un Ehpad en fin d’année dernière. J’ai donc profité de cet été pour aller dire au revoir, et très probablement adieu, à la maison où elle a tant aimé vivre. Cette maison va être vendue et il y a fort à parier qu’elle le sera avant notre prochaine visite dans la région, puisque nous habitons loin et remontons rarement. C’était un moment de deuil éprouvant. Car, oui, il s’agit bien d’un deuil, même si mon Grand Larousse Illustré me déçoit en faisant exclusivement référence à la mort d’un « être cher », d’un « parent », d’un « ami ». Or, un deuil ce n’est pas nécessairement le travail psychique lié à la mort de quelqu’un : en effet, nous vivons des deuils tout au long de notre vie lorsque nous déménageons, après une rupture sentimentale, ou même après la naissance d’un enfant… Chacun de ces évènements marquent un avant et un après, un changement suite auquel notre vie n’est plus jamais la même, qui nous transforme, et qui exige que nous mobilisions notre capacité de résilience.
C’était donc un deuil un peu particulier que de devoir accepter que nous ne créerions plus de souvenirs dans cette maison. Qu’il n’y aura plus de retrouvailles autour de cette grande table. Et ce n’était même pas tant l’anticipation de ce qui ne sera plus que la nostalgie intense de ce qui a été : nous enfants descendant la pente de la cour sur nos patins à roulettes (pour les filles) et skateboards (pour les garçons). La boîte à bonbons qui ne trônait plus sur l’étagère de la cuisine. Le frigo au fond du couloir ne contenait plus de crèmes au chocolat ni de bouteilles d’Oasis (Tropical, l’Oasis !). Plusieurs membres de la famille avaient rejoint l’autre côté du voile au cours de toutes ces années. L’odeur familière des lieux s’effaçait. Et c’était bien la première fois que la poussière s’invitait dans cette maison toujours impeccablement entretenue. C’était la première fois aussi que je m’y retrouvais seule, et j’ai été frappée de ressentir cette absence totale de vie. La maison était devenue une coquille vide. Le tic-tac de l’horloge était presque assourdissant et si solennel.
J’ai pleuré d’abord, accueillant mes émotions et les visions des souvenirs, les laissant monter puis partir et se succéder. J’ai décidé de prendre mon temps (presque trois heures). J’ai photographié chaque détail, chaque angle qui invitait un souvenir. Je me suis mise à l’écoute de mon enfant intérieur ; je l’ai traité avec douceur et patience. J’ai attendu qu’il ait fini de s’imprégner de tout. Puis je suis repassée dans chaque pièce pour lui dire au revoir et la remercier pour […], ne passant à la pièce suivante qu’une fois que je me sentais prête. Je voulais être absolument certaine de n’avoir aucun regret en refermant la porte et en rendant la clé dans le cas, fort probable, où je ne reviendrais jamais ici. Je suis repartie rassasiée, fière d’avoir pris le temps de faire cette démarche importante psychiquement, et emportant avec moi (avec la permission) quelques jolies pièces de vaisselle qui me rappelaient les repas de fête et entreraient dans la transmission du souvenir familial, ainsi qu’un vieux pot à crayons orange avec les noms des départements à moitié effacés. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai toujours aimé ce pot à crayons.
Lorsque je dis avoir fait le tour de chaque pièce, je parle en vérité des pièces où j’ai été autorisée à entrer. Je ne sais pas si c’est parce que je deviens plus sensible aux énergies ou si c’est parce qu’elles étaient particulièrement fortes (sans doute un mélange des deux !), mais je n’ai pas pu, par exemple, entrer dans la chambre qui fut celle de mes grands-parents.
Lorsque j’ai fait mon premier tour de la maison pour prendre des photos, mes pieds « se sont arrêtés » devant la barre de seuil de la chambre et je ne me suis pas senti le droit d’y pénétrer. Mettant d’abord cela sur le compte d’un désir inconscient de ma part de ne pas entrer dans leur intimité, je ne m’en suis pas formalisée et suis restée à l’extérieur, mais j’ai pensé que cela pourrait être une bonne idée d’au moins prendre une photo pour pouvoir me souvenir de cette pièce plus tard, et peut-être un jour la décrire dans un texte d’hommage à la maison. J’allongeai donc la main pour atteindre l’interrupteur mais non, « elle ne voulait pas » allumer. Je respectai cette curieuse impression de refus et continuai mon tour d’horizon.
Quand j’ai voulu dire au revoir à chaque pièce, je n’ai pas non plus insisté lorsque, en me dirigeant vers cette même chambre, j’ai eu la surprise de me heurter à un mur invisible qui m’en interdisait l’accès. Je n’avais jamais vécu cette expérience auparavant, mais il y avait clairement une force qui me repoussait, comme deux aimants de même polarité qui se repoussent et que je ressens souvent au niveau des mains, mais qui occupait cette fois tout le cadre de la porte.
Nous avons discuté avec quelques proches de ce phénomène et avons notre interprétation et nos ressources donc nous ne sollicitons pas de commentaires particuliers sur cette situation 😉 ; je souhaitais seulement vous en faire part car si vous me lisez, c’est que vous connaissez peut-être très bien les énergies, ou encore que vous commencez à vous y intéresser ; or il me semble qu”il s’agit une anecdote très parlante et révélatrice de la présence de ces énergies autour de nous.
De la même façon, j’ai analysé mon ressenti dans chaque pièce où j’ai pu entrer avant de les comparer à leur taux vibratoire sur l’échelle de Bovis (avec un pendule) ; ce qui était une excellente opportunité de pratique sur le terrain. Les résultats concordaient et certaines pièces (comme le hall d’entrée) étaient neutres ; d’autres plus ou moins chargées, tantôt avec une dominante positive, voire très joyeuse (j’ai eu des fourmillements dans les bras et vu plein de lumière violette très agréable dans une des pièces), tantôt plus « lourde» et triste.